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Questions/réponses sur les Prophylaxies Pré-Exposition (PrEP)

par | 15.03.2010

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Des études chez les singes ont montré une réduction du risque d’infection parmi les animaux qui avaient reçu un traitement anti-rétroviral avant l’exposition à une forme simienne du VIH. Ces études comparaient un petit groupe d’animaux traités au préalable avec des médicaments anti-rétroviraux (prophylaxie pré-exposition) avec d’autres animaux qui n’avaient pas reçu de traitement et qui avaient été exposés au même virus. L’effet protecteur du traitement prophylaxique par des anti-rétroviraux a été mis en évidence chez le singe.

Qu’est-ce que la PrEP ?

La Prophylaxie Pré-exposition (Pre-exposure prophylaxis en anglais ou PrEP) désigne une stratégie expérimentale de prévention qui vise à utiliser des médicaments anti-rétroviraux (ARV) pour protéger des personnes séronégatives d’une infection par le virus du sida (VIH). Dans cette stratégie expérimentale, on délivre des anti-rétroviraux à ces personnes avant qu’elles soient exposées au VIH dans le but de réduire leur risque d’infection.

Sur quoi se base l’hypothèse d’un effet protecteur des traitements anti-rétroviraux ?

Des études chez les singes ont montré une réduction du risque d’infection parmi les animaux qui avaient reçu un traitement anti-rétroviral avant l’exposition à une forme simienne du VIH. Ces études comparaient un petit groupe d’animaux traités au préalable avec des médicaments anti-rétroviraux (prophylaxie pré-exposition) avec d’autres animaux qui n’avaient pas reçu de traitement et qui avaient été exposés au même virus. L’effet protecteur du traitement prophylaxique par des anti-rétroviraux a été mis en évidence chez le singe.

Un autre rationnel pour les prophylaxie pre-exposition (PrEP) est tiré des stratégies qui visent à prévenir la transmission mère-enfant par l’usage d’anti-rétroviraux donnés à la mère et à l’enfant pour aider à réduire le risque de transmission.

Quels médicaments sont testés pour les prophylaxies pré-exposition ?

Deux produits sont actuellement testés dans les essais de prophylaxie pré-exposition : le ténofovir disoproxil fumarate (TDF) commercialisé sous le nom de Viread® et ce médicament plus l’emtricitabine (FTC) commercialisée sous le nom de Truvada®. Ces deux produits sont des médicaments anti-rétroviraux qui ont été approuvés pour le traitement de l’infection par le VIH. L’intérêt et le bénéfice de ces médicaments chez les séropositifs est établi mais la sécurité d’un usage quotidien de ces médicaments chez les séronégatifs reste encore à démontrer.

Les chercheurs se sont concentrés sur ces deux produits en raison de leur tolérance chez les séropositifs et parce qu’ils restent dans le sang pendant une longue période de temps avec une prise quotidienne. Par ailleurs, ils disposent d’un bon profil de résistance, ce qui signifie qu’une personne qui aurait développé des résistances au TDF ou au TDF+FTC pourrait encore être en mesure d’utiliser d’autres antirétroviraux pour traiter le VIH.

Comment déterminer si la PrEP peut réduire le risque de transmission du VIH ?

Tous les essais préventifs du VIH sont conçus sensiblement de la même façon. Ces essais sont conduits dans des populations où le taux de nouvelles infections (l’incidence) est bien documenté avant que l’étude soit lancée. Les volontaires pour participer à l’essai sont répartis aléatoirement en deux groupes nommés bras. Le bras expérimental reçoit l’intervention étudiée, l’autre est appelé bras contrôle. Chacun des deux groupes reçoit la même information sur la prévention et le même accès à des services comme l’accès aux préservatifs, le traitement des IST et des conseils de prévention. Dans les essais concernant des usagers de drogue par voie intra-veineuse, l’accès à la réduction des risques et à l’échange de seringue est une condition éthique pour mener de tels essais. Les participants ne sont jamais invités à avoir des rapports sexuels non protégés ou à s’exposer au VIH.

Après l’enrôlement dans l’essai, tous les participants sont suivis dans le temps avec des visites périodiques lors desquelles ils sont testés pour le VIH et font l’objet d’autres analyses sanguines. Les données sont périodiquement passées en revue par un comité indépendant (Data and Safety Monitoring Board ou DSMB) pour s’assurer de la sécurité des participants. À la fin de l’essai, les chercheurs s’intéressent aux nombre de nouvelles infection dans le bras expérimental et dans le bras contrôle pour voir s’il y a une différence. Si la stratégie est effective, le nombre de nouvelles infections doit être significativement plus faible dans le bras expérimental.

Dans le cas des essais PrEPs, ni les participants à l’étude, ni le personnel de l’étude ne sait qui reçoit le produit actif et qui reçoit un placébo (ici, un comprimé qui a exactement la même apparence que le médicament mais n’a pas d’effet). Les participants sont surveillés de manière rapprochée pour les effets secondaires du médicament.

Pour déterminer plus clairement si la PrEP peut constituer une stratégie de prévention viable, des données sur la sécurité et l’efficacité sont nécessaires pour diverses populations : des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, des usagers de drogue intraveineuse, des hommes et des femmes hétérosexuels.

Quel est l’état de la recherche aujourd’hui ?

Pour le moment l’idée que la prophylaxie pré-exposition puisse avoir un effet chez l’homme n’a jamais été démontrée.

Des premiers essais chez l’homme n’ont pas permis de mettre en évidence un bénéfice. Plusieurs essais sont actuellement en cours chez l’homme dont les premiers résultats sont attendus pour 2012.

Un projet d’essai de ce type est en cours de discussion en France chez les hommes gays. Il pourrait inclure plus de 2 000 hommes homosexuels en France et au Canada.

Challenges et étapes futures

  • Aucune preuve n’a encore été apportée sur le fait que les PrEPs puissent constituer une stratégie pour réduire la transmission du VIH. C’est la raison pour laquelle des essais sont nécessaires pour déterminer si cette stratégie peut être efficace.
  • Les études en cours ne fourniront aucune réponse définitive sur l’efficacité et la sécurité des PrEPs dans toutes les populations. Un programme de recherche clair est nécessaire afin que toutes les questions importantes reçoivent des réponses en temps utile.
  • Même si les médicaments actuellement testés présentent un profil de résistance favorable, les chercheurs doivent surveiller les résistances chez les participants qui se contamineraient au cours de l’étude.
  • Un travail doit être mené dans les communautés où ces recherches sont envisagées pour augmenter la compréhension des enjeux de la recherche et la conception de ce type d’essais. Mais il s’agit surtout de faire en sorte que les besoins de ces communauté puissent être pris en compte dans la conception de telles études.
  • Des efforts sont nécessaires pour s’assurer que ce type de recherche atteigne les standards éthiques les plus importants et soient conduits avec la participation de l’ensemble de la communauté où ils peuvent avoir lieu.
Source :

Document librement adapté par Act Up-Paris à partir de la fact sheet publiée par AVAC en novembre 2008.