La Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) a récemment décidé de ne pas rembourser la prophylaxie pré-exposition (PrEP) aux personnes souffrant d’insuffisance rénale, suscitant l’inquiétude des associations de lutte contre le VIH. Cette décision, rapportée par le collectif TRT-5 CHV et soutenue par l’association Renaloo, soulève des questions sur l’accès équitable à la prévention du VIH.
La PrEP, notamment sous forme de comprimés associant ténofovir disoproxil fumarate (TDF) et emtricitabine (FTC), est contre-indiquée chez les personnes présentant un débit de filtration glomérulaire (DFG) inférieur à 50 mL/min/1,73m², en raison de risques de néphrotoxicité. Cependant, une alternative existe depuis peu : le cabotégravir injectable (CAB-LP), qui peut être administré même en cas d’insuffisance rénale sévère et déjà commercialisé sous la forme d’un médicament appelé VOCABRIA pour les personnes qui vivent avec le VIH.
Malgré cette option, la CNAM a choisi de ne pas rembourser la PrEP pour les personnes atteintes d’insuffisance rénale, invoquant des considérations médico-économiques et les négociations en cours autour de la fixation du prix d’APRETUDE, alors que des demandes de prise en charge par la Sécurité sociale pour des médicaments en dehors de leur indication et à titre dérogatoire sont possible. Cette position est critiquée par les associations, dont Act Up-Paris, qui y voient une discrimination envers une population déjà vulnérable.
La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande pourtant l’utilisation du cabotégravir injectable en première intention pour les personnes en indication de PrEP et ayant une insuffisance rénale. Cette divergence entre les recommandations médicales et les décisions de remboursement met en lumière, une nouvelle fois, les tensions entre impératifs de santé publique, contraintes budgétaires et profits des laboratoires.
Alors que les associations s’efforcent de demander l’élargissement de l’accès à la PrEP pour lutter contre le VIH, cette décision de la CNAM freine les efforts en matière de prévention, en excluant une partie de la population à risque. À suivre …