DÉPÊCHES / DÉPISTAGE

MémoDépistages, tester de nouvelles méthodes

par | 28.01.2020

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MémoDépistages, c’est l’idée de Santé Publique France pour innover en matière de dépistage des IST et du VIH qui tente de lever les freins structurels connus de ce mode de prévention. Il offre une réponse d’une part à la recommandation de la Haute Autorité en Santé qui préconise pour les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes exposés à un risque élevé d’infection un dépistage du VIH tous les trois mois. D’autre part, ces hommes étant bien plus que la population générale exposés et sujets à diverses infections sexuellement transmissibles, il adjoint à cette proposition une offre de dépistage très complète des IST. Mais surtout, et c’est là toute l’originalité de cette proposition, tout se fait sans qu’il soit nécessaire de se déplacer ou de consulter un médecin. Comment ? Grâce à un kit d’autoprélèvement que l’on opère chez soi et qui peut voyager par la poste. C’est par la proposition d’envoi de ce kit qu’a démarré l’inclusion des participants à ce programme de recherche. À la suite de ce premier dépistage, le programme proposait aux participants un suivi de 18 mois comprenant un rappel de dépistage tous les 3 mois.

memo depistages

Le recrutement de Mémo Dépistages s’est fait par l’intermédiaire d’applis de rencontres gays et des réseaux sociaux entre le 11 avril et le 10 juin 2018 dans quatre régions de France métropolitaine, l’Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Cette limitation géographique était liée à un aspect organisationnel, celui de disposer de deux unités locales participant au projet, un laboratoire d’analyse susceptible de recevoir et de traiter les prélèvements et un CeGIDD référent où adresser les personnes en cas de besoin.

L’opération a été un succès. En 9 semaines, il y a eu plus de 80 000 vues/clics sur les bannières en ligne, 12 758 personnes ont rempli un questionnaire d’inclusion. Parmi ces personnes, l’étude prévoyait d’inclure les HSH séronégatifs de plus de 18 ans n’étant pas suivis pour la PrEP et acceptant les conditions techniques et scientifiques de participation. C’est donc à 7158 hommes que le premier kit a été proposé. 3428 ont accepté de le recevoir et 1948 l’ont utilisé pour au moins un prélèvement. En fait l’immense majorité des kits (97,7%) comprenaient le prélèvement sanguin et les prélèvements 3 sites (gorge, anus, urine) pour les analyses. Ces prélèvements devaient permettre (sang) la recherche du VIH, des hépatites B et C et de la syphilis et (prélèvements 3 sites) la recherche de chlamydia et de gonocoques.

Les participants ont aussi été invités à remplir un questionnaire en ligne portant sur les caractéristiques socio-démographiques, des variables sur la socialisation communautaire, des informations sur les comportements sexuels et sur les antécédents de dépistage.

L’analyse montre que ce sont des hommes – moyenne d’âge 30 ans – majoritairement citadins, avec un niveau d’études supérieur au bac, familiers des lieux de convivialité gays qui ont participé. Ils sont très exposés aux IST, fortement multipartenaires, la moitié n’avait pas utilisé de préservatif au dernier rapport. Le dépistage répété du VIH et des autres IST est donc particulièrement indiqué pour eux.

Santé publique France note que les hommes ayant un niveau d’études élevé sont plus attirés par le dispositif et l’utilisent plus que ceux d’un niveau plus bas. C’est la caractéristique qui influence le plus le niveau d’utilisation. Ce résultat montre la plus grande facilité d’hommes diplômés à s’approprier les enjeux du dépistage en général mais aussi leur capacité à appréhender un dispositif dématérialisé. Ce type de résultat est corroboré par d’autres études étrangères. Ces travaux mettent également en évidence une absence d’association entre le comportement sexuel récent et le renvoi des prélèvements par ceux ayant reçus un kit.

Certes, le mode et la durée du recrutement ne peut qu’avoir influencé ces résultats. Il est tout de même intéressant de noter que la proportion de personnes n’ayant jamais effectué de dépistage pour le VIH était de 10%, niveau comparable à d’autres études. En revanche, plus de la moitié des participants avaient réalisé un dépistage dans l’année. Pour eux, cette proposition d’auto-dépistage est une facilité supplémentaire pour réaliser un dépistage répété. Mais pour la recherche de chlamydia et gonocoques, moins d’un tiers des participants avaient réalisé un test dans les 12 derniers mois. Seuls une minorité avaient bénéficié de prélèvements anaux et pharyngés. Ceci montre l’intérêt d’un tel dispositif pour soutenir le dépistage de ces IST.

Le dispositif déployé dans quatre régions métropolitaines très diverses démontre une égalité d’accès dans tous les territoires. C’est un résultat qui avait déjà été constaté dans une étude précédente d’une offre d’auto-prélèmement, Chlamyweb, qui s’adressait à des jeunes de 18 à 24 ans.

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Sources :